PORTRAITS,
Du Sichuan à la Champagne-Ardenne
Photographies de ZENG NIAN.
ZENG NIAN est né en Chine en 1954 dans la province du Jiangsu d’un père professeur de peinture à l’Institut des Beaux-Arts de Nankin et d’une mère pharmacienne. Contraint par la révolution culturelle à abandonner ses études, il découvre la photographie et réalise seul ses premières images. En 1984, il se marie avec Catherine, une française résidant à Pékin puis s'installe à Paris en 1990.
Depuis un peu plus de 20 ans, ZENG est photographe pour les grands magazines de presse. En 1996 il oriente son travail vers une photographie plus personnelle et commence une série sur la construction du barrage des Trois Gorges en Chine. En résulte l’exposition “Un fleuve tranquille, le barrage des 3 Gorges” qui nous donne à voir les grands bouleversements sociaux et industriels de ce pays.
En 2013, ZENG NIAN est invité à photographier une minorité, le peuple LISU, qui vit dans la province du Sichuan au centre de la Chine. A travers ces nouveaux portraits, ZENG NIAN photographie son pays et ses habitants comme pour retrouver sa condition d’origine, de citoyen chinois, marin sur le Yang Tsé Kiang à l’âge de 16 ans. Il vivait dans ce pays, il retourne photographier ces gens, comme s'il se photographiait lui- même pour nous conter son histoire et celle du peuple chinois. Son appareil lui permet d’être au plus près et à la fois de prendre de la distance. Comme sa vie française lui a permis de prendre de la distance et d’observer son pays.
Cette province du Sichuan est jumelée avec la région champ-ardennaise en France, que le photographe connaît bien. Il décide donc d’unir les portraits de ces deux peuples. A l’image des volontés politiques et culturelles de ces deux régions, de son pays et de son pays d’adoption, ZENG NIAN mêle les portraits de ces populations rurales et ouvrières en un ensemble cohérent et porteur d’une humanité commune. Au gré de ses rencontres, chaque prise de vue vient construire un monument dédié à la condition humaine. L'artiste compose ces portraits avec les codes de ce genre photographique majeur qui, en dehors de la fonction instantanée de représentation, nous parle d’identité, d’appartenance, de classe sociale, de corps, de trace.
ZENG NIAN ne cache pas sa référence à Richard AVEDON, grand photographe américain, qui a rendu ses portraits reconnaissables entre tous par la présence d’un arrière plan blanc immaculé, isolant totalement la personne de son environnement. Dans la série « In the american west », l’artiste nous donnait à voir des habitants des contrées rurales de l’ouest américain, mineurs, cowboys, ouvriers. Par le choix de ses modèles, il revendiquait la portée sociale et politique de ses images. Ses œuvres sont devenues un classique de la photographie du 20ème siècle. ZENG NIAN reconnaît ce photographe américain comme un maître et il souhaite suivre sa trace dans cette interrogation de la figure humaine, tout en utilisant les techniques d’aujourd’hui. Avec « Portraits » la filiation est donc évidente. Zeng Nian paraît reproduire à l'identique la démarche et l'esthétique en empruntant la méthode radicale d’AVEDON mais la technique est différente. Il transcende l’utilisation des technologies nouvelles et de l’image numérique pour arriver à un résultat étonnant. Même fond blanc mais, pour un portrait, il utilise plusieurs dizaines de photographies qu’il assemble, construit, évide. Ses portraits sont faits d'accumulations, de manques, de vides et de pleins comme une vie se construit d'expériences, d'absences. Ces supposés instantanés sont en fait composés de plusieurs photographies, déclenchées chacune à quelques secondes d’intervalle et qui remettent en question la notion « d’instant décisif » chère à Cartier- Bresson. Les collages numériques restent visibles, ou pas, l’image manquante laissant parfois la place à un rectangle blanc. De cette photographie « imparfaite » se dégage une image dépouillée, porteuse de l’empathie de l’artiste pour les populations travailleuses ou rurales d’aujourd’hui. Aucune célébrité dans ces portraits, simplement des corps, ne racontant qu’un petit bout d’histoire par leurs vêtements, leurs visages, leur âge ou l’objet qu’ils tiennent dans leurs mains.
Pour ZENG NIAN l’art photographique est un outil d’information critique sur le monde autant qu’un projet esthétique personnel. Tout en douceur Zeng Nian adopte une démarche obstinée mais non dérisoire : celle du témoignage et de l’utopie de l’art pour transformer le monde.
Alain Collard
La Salle d’attente
En partenariat avec:
L'institut Français, la Région Champagne-Ardenne, Le Mémorial Charles de Gaulle, Le Conseil Général des Ardennes, le Conseil Général de la Marne, Prisme club d'entreprises mécènes, l'association Chapitre#, Jingu et MMF.
Manifestation organisée dans le cadre France-Chine50, www.france-chine50.com
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